Ma'J
: Tout d'abord, vous pouvez vous présenter ?
J : Je m'appelle
J, je suis bassiste et chanteur. Durant quelques années
j'ai fait partie du groupe LUNA SEA, mais le groupe s'est séparé
et depuis je suis en solo.
Ma'J
: C'est le 10e anniversaire de votre activité solo, donc
?
J : Oui, en 1997,
quand LUNA SEA a fait une pause dans sa carrière, j'ai
commencé une période solo dont je fête les
10 ans cette année, puis j'ai repris le groupe, et en 2001,
cette fois, j'ai commencé ma carrière solo, à
la séparation de LUNA SEA.
Ma'J : Votre
dernier album URGE est magnifique, le 1er morceau est un interlude,
comment l'avez-vous fait ?
J : Hé bien,
quand j'ai fait cet album, j'avais déterminé le
titre avant tout le reste. En japonais URGE
ça se dit "shodo" (impulsion). Donc "shodo"
c'est une impulsion. Moi, j'ai voulu que ça représente
"l'instant avant" d'avoir une impulsion, bonnes ou mauvaises,
je ne l'ai pas défini mais c'est une représentation
de ce qui est avant une impulsion.
Ma'J : Le début
est calme.
J : Oui, quand on
est face à quelque chose de neuf, on est calme ou inquiet.
Je pense que ce morceau reflète ça, il y a des clefs
major, mineures. Quand j'ai commencé à entrer dans
la phase d'enregistrement je me suis mis alors à la guitare.
Ma'J : Vous
l'avez écrit avec masa ?
J : Oui, j'ai eu
l'idée de départ, je me suis mis à la guitare
et masa a repris avec moi, et c'est devenu ce morceau. J'ai trouvé
qu'il donnait bien l'idée de ce que serait l'album.
Ma'J : Comment
s'est passée la collaboration avec masa pour REBEL
tonight qui est un morceau important de l'album ?
J : Pendant la pré
production, avant les enregistrements donc, j'ai entendu ce morceau
de masa et je l'ai trouvé nouveau, rafraîchissant.
Alors, j'ai décidé qu'il représenterait l'ouverture
de l'album car c'est un morceau qui ouvre de nouvelles portes
et c'est comme ça que je l'ai mise en premier.
Ma'J : C'est
un vrai bon choix, oui. Personnellement, j'adore Go
charge, Endlessy, gose on Forever ces morceaux donnent
une impression de course, après quoi courrez-vous
?
J : En fait, j'aime
bien faire remonter les énergies que l'on ressent avec
son corps, que ce soit des choses positives ou négatives,
tout du moins pour deux de ces morceaux.. A l'origine le rock
est une musique qui donne de l'énergie à ceux qui
l'écoute, on oublie tout, je pense. C'est un lien avec
le titre de l'album "URGE", vous voyez.
Ma'J : Est-ce
que vous avez composé ces chansons en pensant à
la scène ?
J
: Non
pas du tout, quand j'enregistre je ne pense qu'à ce que
je fais sur le moment.
Ma'J
: In the rain
a une intro basse assez psychédélique,
assez érotique aussi, comment l'avez-vous écrite
?
J
: C'est
Scott qui a donné un beat assez sexy avec sa batterie.
A la base, j'adore la musique psychédélique et j'aime
cette musique avec les sons de basse et de batterie, uniquement.
Il y avait beaucoup de morceaux de genre dans les années
70. Scott a une grande technique et il a donné là
cette atmosphère, assez sexy et donc… avec la basse,
pour l'intro, ça a un air d'un morceau d'il y a une vingtaines
d'années. J'ai grandi en écoutant cette musique,
je me suis senti sauvage et sexy.
Ma'J
: Elle
ressemble à celles des années 70, oui.
J
: Même
aujourd'hui, j'aime écouter les Doors, quand je suis chez
moi, J'écoute beaucoup les CD live de Janis JOPLIN, vous
savez, aussi. Ma musique à la base est rock, c'est avec
elle que je suis né avec cette énergie, c'est comme
"rien n'est impossible", elle nous rend vraiment libre.
C'est pour cette raison que je fais cette musique encore maintenant.
Ma'J
: Good night est
une magnifique ballade, "l'étoile qui brille"
dont vous parlez, qui est-ce ?
J
: En
fait, elle ne fait référence à personne en
particulier. J'ai voulu faire comprendre dans ce morceau que tout
le monde est important et que tout le monde a quelque d'important
: sa famille, ses amis, son amour. Quand vous les imaginez, je
pense que vous entrez dans les paroles de la chanson.
Ma'J
: Moi,
j'ai pensé à hide, en l'écoutant.
J
: Oui,
j'ai pensé à hide san aussi en composant ce morceau,
mais, également à des amis, qui sont loin de moi.
En fait, l'étoile ça représente une personne,
un objet, un lieu important pour soi. Ça n'a pas d'autre
signification particulière, ou alors, juste les rêves
et les espoirs, de chacun.
Ma'J
: Et
pour Mirage #9, pourquoi
number 9 ?
J
: (J
éclate de rire) Ah ! Ah ! Ça, je ne l'ai jamais
dit dans une interview et je vais vous dire la vérité…En
fait, quand je prépare un album je ne mets pas de titre
à mes chansons, alors, je mets un numéro : 1, 2,
3, 4…. (rires) et celle là c'était la 9e,
tout simplement (rires)
Ma'J
: (rires)
Ah ! je ne savais pas. Revenons à PYROMANIA,
l'album, quels sont vos souvenirs de l'époque ? Est-ce
que vous considérez que c'est la base de votre musique
?
J
: (Il
répond en partie en anglais). PYROMANIA est
un album que j'aime tout particulièrement parce que je
l'ai fait avec mes musiciens préférés : Scott
GARRETT qui avait joué avec The CULT, le guitariste Bill
Duffy, Slash de Guns 'N'Roses, et l'ingénieur du son Joe
Barreci qui a travaillé aussi pour le groupe Tool et on
a été très contents de travailler ensemble.
J'ai gardé un souvenir merveilleux de ces moments que nous
avons passés ensemble. Je peux écouter les morceaux
de cet album sans fin, et, je l'aime vraiment beaucoup.
Ma'J
: Les paroles sont
importantes dans une chanson, est-ce que vous avez des thèmes
préférés, y'a-t-il des sujets tabous ?
J
: Hm….
Je n'ai pas vraiment de thèmes, je suis plus sensible aux
vibrations que je ressens. Je n'ai pas de sujet tabou, non, je
ne tiens pas à heurter les gens avec des mots, plutôt.
Ma'J
: Est-ce
que vous avez déjà été censuré
?
J
: Bien,
non vraiment. Cependant, si je veux vraiment utiliser de tels
mots, je ne me soucie pas vraiment de savoir si ça passe
ou pas parce que ceux-ci sont mes expressions. Mais j'ai seulement
une chose dont je me soucie vraiment, qui est je ne veux pas blesser
quelqu'un par mes mots, ceux que je dis ou écris. J'ai
une philosophie faire ce que je ressens.
Ma'J
: Vos
concerts sont très chaleureux, il y a une communion entre
la salle et la scène, comment l'expliquez vous
?
J
: Quand
je suis sur scène, je donne tout ce que j'ai en moi. Je
veux que ces morceaux, en live, soient des moments inoubliables
pour ceux qui sont venus me voir. Je m'y donne à fond.
Je pense qu'il ne serait pas intéressants pour nous les
musiciens d'être en concert sans être chauds, excités.
Donc nous devons faire un show où le public peut tout oublier.
Et je me donne à fond, ça doit être fait naturellement.
Ma'J
: C'est
réussi en effet. Quel est le plus mauvais concert que vous
avez fait ?
J
: (Il
se frotte le menton, il cherche)…. Hmm, je ne sais pas…
… non je ne me rappelle pas….
Ma'J
: Et
si je vous dis "Toyama" ?
J
: Ah
! Oui (Il rit). J'ai eu mal à la gorge…
Ma'J
: Mais
vous avez continué jusqu'au bout.
J
: Pour
moi ça a été terrible car je ne pouvais plus
chanter. C'était au milieu du concert et je ne savais plus
quoi faire. Ah ! Et le public a repris mes chansons en chœur
… oui, ça a été vraiment étonnant.
Ma'J
: Dans
vos concerts, vous jouez toujours PYROMANIA,
la chanson, pouvez-vous imaginer faire un concert sans cette chanson
?
J
: Hé
bien, il y a des fois où je ne l'ai pas jouée. C'est
arrivé deux ou trois fois, mais le public ne s'en est pas
aperçu (Rires) Cette chanson est, pour moi, une pièce
maîtresse du concert. Mais je n'ai pas eu connaissance de
la réaction du public quand je ne l'ai pas faite, mais
je ne la mets pas forcément dans le set list.
Ma'J
: Comment
ordonnez-vous vos chansons en concert ?
J
: J'imagine
ça dans ma tête et je les place.
Ma'J
: En
tournée jouez-vous toujours la set list dans le même
ordre ?
J
: Je
change quelque fois l'ordre. En fait, je choisis la set lit avant
le début de la tournée et d'ailleurs pour la tournée
URGE, la set list a toujours était la même.
Ma'J
: Vous
avez été influencé par des groupes occidentaux,
à présent, beaucoup de groupes japonais soient influencés
par LUNA SEA, quelles sont vos impressions ?
J
: Eh
bien, j'ai deux sentiments. Le premier est que je suis très
content que LUNA SEA ait influencé des groupes japonais;
LUNA SEA était un grand groupe qui les a influencé
et leur a donné de la puissance. Je suis donc très
content qu'il y ait de nouveaux groupes qui soient nés
et qu'il parle de nous. Mais , à l'inverse, il y a quelque
chose que me rend malheureux c'est que je trouve que ces groupes
reprennent beaucoup trop la musique de LUNA SEA, d'il y a 15 ou
10 ans, sans faire de tentative d'évolution dans leur propre
musique. Pour moi, c'est pas intéressant parce que LUNA
SEA avait trouvé son propre univers. Je pense que ces gens
n'en ont pas, eux.
Ma'J
: En
même temps, LUNA SEA a été un groupe différent
des autres groupes, spécialement par ses sons et son style.
J
: Si
ces jeunes groupes sont influencés par LUNA SEA, je voudrais
qu'ils soient influencé par notre esprit et qu'ils cherchent
quelque chose de nouveau, qu'ils fassent quelque chose de nouveau…
Ma'J
: Je
voudrais maintenant aborder le problème du Fan club, vous
permettez ? (Il acquiesse) qui est fermé aux fans étrangers
?
J
: Je
cherche moi-même la façon de résoudre les
problèmes pour que le fan-club commence. J'ai été
vraiment surpris de recevoir des mails de France, de Suède,
d'Allemagne… du Portugal… et aussi des Etats-Unis.
J'ai cherché mais c'est un système difficile parce
qu'il y a de différences de tarifs Mais, toutefois, je
reçois des e mails du monde entier, et je voudrais qu'on
trouve le moyen de le faire.
Le manager intervient :
Il est très difficile de faire payer aux fans étrangers
le même tarif que les fans japonais. Il y a des différences,
et il faut que cela soit égal pour tous, et c'est très
difficile.
Ma'J
: L'autre
jour à Hiroshima, en écoutant le drum solo de Scott,
qui est très, très, très bon, je me suis
demandée si vous ne pensiez pas, un jour, insérer
un drum solo dans un de vos albums ?
J
: Scott
a fait beaucoup de séances d'enregistrement et
des concerts comme musicien de BECK et avec d'autres groups aussi
dans le monde mais je pense que ça pourrait être
intéressant.
Ma'J
: C'est
Scott qui les compose ?
J
: Oui,
oui, c'est lui qui les compose. C'est quelqu'un qui a une grande
culture musicale, dans beaucoup de styles différents, et
il écoute beaucoup de musiques c'est pour ça qu'il
obtient des sons, des saveurs différents et il a fait un
nouveau style, je pense. A ce propos, il y a beaucoup de groupes
japonais qui sont venus en France déjà, pourquoi
les jeunes français aiment les groupes japonais.
Ma'J
: Je
ne pense pas que la musique japonaise soit différente de
la musique française, mais c'est un genre nouveau, comme
les groupes de Visual Kei. Les vêtements, le maquillage,
ce style est très différent des artistes européens,
et ainsi pour nous c'est quelque chose de neuf et de frais. Et
comme il y a de plus en plus de fans, les groupes viennent nous
voir.
J
: Je
trouve ça formidable que des jeunes français aiment
et écoutent de la musique japonaise.
Ma'J
: J,
vous aimeriez venir en France ?
J
: Oui,
je veux venir.
Ma'J
: Quelle
est votre position face à la religion chrétienne,
vous qui utilisez tant de ses représentations : Jésus,
la Vierge Marie…
J
: Comme
vous le savez, au Japon, la religion la plus importante c'est
le bouddhisme, et moi, en fait, je ne suis pas vraiment intéressé
par la religion chrétienne en tant que telle, mais plutôt
à ce qu'elle représente comme l'image de Marie :
Croire à la bonté, avoir une force d'esprit. La
faculté de croire est quelque chose de commune à
toutes les religions. Par exemple, il n'y a pas que croire en
Dieu, il y a croire aux autres, à ses amis, à une
partie de soi-même. Dans ce sens, disons, qu’il y
a toujours des émotions humaines. Ce n'est pas dû
à une religion particulière… je pense que
c'est … difficile d'en parler, en fait (Rires). Pour ressentir
la croyance, je pense que c'est une merveilleuse sensation, mais
ce n'est pas une religion en particulier, pour moi. Pour quelle
raison alors ? Hé bien, moi, qui étais un bad boy
qui ne croyait en rien, j'ai cru à la musique.
Ma'J
: Quels
sont vos projets après le CC LEMON ?
J
: Les
deux concerts au CC LEMON, des 29 et 30 mai, vont clore la tournée
URGE. Ensuite, je vais faire de concerts en Festival avec un groupe
qui s'appelle BUCK-TICK mais pour la suite, je ferais des concerts
spéciaux au mois d'août Scorching Resort, et cinq
concerts pour mon 10e anniversaire de SPECIAL Live, en octobre.
Venez vous amusez en concert !